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Deux tiers des Tunisiens n'ont pas de comptes bancaires

Abdellatif Ben Hdia, président de l'Observatoire tunisien des services bancaires, a assuré, ce mardi 22 mars 2022, lors de son passage dans Ahla Sbeh, que plus de 50% des Tunisiens n’ont pas de comptes bancaires.

"La dernière étude sérieuse dans ce sens note que 66% des Tunisiens n’ont pas de comptes. Ceci s’explique par le fait que les banques exigent une attestation de travail aux clients, pour pouvoir ouvrir un compte. Pourtant, elles peuvent le faire sans livrer aux clients un carnet de chèques. Il s’agit d’un problème à résoudre, malgré l’existence de plusieurs lois, permettant l’intégration financière des citoyens, à travers les organismes bancaires", dit-il.

Et d'ajouter : "Le président de la République peut promulguer divers décrets dans ce sens, car plusieurs projets de lois n’ont pas été adoptés par le Parlement. Parmi ceux qui peuvent être avantageux, il y a ceux de l’économie sociale et solidaire, de l’auto-entreprenariat, du financement participatif…. Il s’agit de lois qui faciliteraiennt l’intégration financière des Tunisiens et donneraient un nouveau souffle à l’économie nationale".  

Par ailleurs, le président de l’Observatoire a noté que la pandémie du coronavirus a développé le commerce électronique mais le mode de paiement reste dépassé. "Dans la majorité des transactions, le règlement se fait en espèces, malgré l’existence de plateformes sécurisées de paiement. Les banques ne coordonnent pas suffisamment entre elles pour développer cette plateforme. Le flou persiste sur cette technique de paiement et sur les méthodes d’usage. Il y a des doutes sur l’existence de lobbies en Tunisie qui ne veulent pas développer le paiement en ligne. Certains profitent de la situation, car elle permet d’encaisser de grandes commissions", explique-t-il.

L'expert évoque, en plus, l’existence de l’économie parallèle qui prospère par cette anarchie, prenant l'exemple d'un commerçant qui veut bénéficier du système de paiement par carte bancaire et qui doit patienter longtemps, soit entre un et deux ans. "Et même en obtenant l’appareil, les commissions à payer sont énormes, sans parler des pannes récurrentes du système qui n’est, de surcroît, pas accessible partout en Tunisie. Il suffit de s’éloigner de la capitale pour le vérifier…", relève-t- il.

Ben Hdia a ajouté que les études précisent que seuls 9% des clients procèdent à plus de trois opérations bancaires par mois. "La majorité des clients des banques se contentent de retirer leurs salaires en espèces, en une seule fois", a-t-il encore expliqué. 

 

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